Pour un parti politique qui veut diffuser son message et augmenter la portée de ses idées, des impératifs d’efficacité obligent à recourir à la communication et à passer par le canal des médias. L’espace médiatique nous impose du coup ses contraintes. Et cet espace structure une bonne partie de l’activité de Québec solidaire entre deux élections.
Il est possible de faire un travail médiatique tout en restant fidèle à nos positions, et nos porte-paroles l’ont amplement prouvé: les événements du Printemps érable, le travail de Françoise, Amir, Manon et maintenant Gabriel démontrent que nous sommes capables de défendre notre posture et de venir bousculer l’espace médiatique, de le polariser à gauche, de verbaliser d’autres discours, trop peu entendus dans cet espace-là.
Mais il ne faudrait pas oublier que la politique se joue dans un espace défini par les médias, pour la plupart aux mains de grands conglomérats médiatiques privés, avec un biais idéologique prononcé, et que ceux-ci s’en servent activement pour discréditer nos idées.
C’est pourquoi le rapport de QS aux médias ne peut pas se limiter à une stratégie d’intervention dans les médias de masse et les médias sociaux. Voici quelques pistes afin d’aller plus loin.
C’est pourquoi la formation de nos membres devrait être amplifiée. Chaque membre devrait se voir proposer des moyens rhétoriques de défendre le programme dans différentes circonstances, dans différents milieux, avec divers niveaux de langage.
C’est pourquoi un soutien organisationnel et financier accru doit être alloué à la personne responsable à la formation, tout en respectant le délicat équilibre entre formations sur le programme, nos campagnes politiques et l’organisation électorale.
L’idée n’est pas à écarter d’emblée, mais elle comporte un grand nombre de risques pour la diversité et la représentation dans un parti de gauche. Cette idée devrait donc être réfléchie dans une perspective différente: renforcer la diversité et la représentativité de nos candidatures et de notre députation, garantir leur redevabilité, assurer leur lien avec les luttes sociales.
Le problème du « vedettariat » n’est pas que certaines personnes se soient forgé une certaine notoriété médiatique. Ce capital de sympathie peut découler d’un engagement assidu et original dans des luttes sociales bien réelles. Le problème des « candidatures vedettes » survient si on subordonne le choix de notre future députation à des critères d’acceptabilité médiatique. On pensera ici en particulier aux contraintes qui pèsent sur les femmes, aux pressions sur leur corps et à leur supposée « moindre compétence ». Mais il y a bien d’autres dangers que nous pourrions détailler.
Il est possible de devenir des « vedettes » par des expériences de lutte et des expériences de terrain. La notoriété qui nous intéresse, c’est la notoriété issue de la résistance aux politiques néolibérales au capitalisme, aux luttes ancrées dans le terrain. Mais de telles candidatures nécessitent qu’on leur accorde du temps, qu’on leur laisse plusieurs élections pour faire grandir leur notoriété.
Plutôt que procéder par « coups médiatiques », il faut donc réfléchir notre stratégie de croissance dans cette perspective de diversité et d’enracinement. Autrement nous allons être victimes de notre propre croissance: la députation va s’éloigner des membres, qui auront pourtant milité longtemps pour bâtir le succès électoral du parti. Tout ceci n’interdit pas d’accueillir des personnes qui possèdent déjà une notoriété. Mais dans ce cas, assurons-nous de les intégrer, de les former à notre programme et à nos pratiques. Cela doit aussi faire partie de la redevabilité et de l’élargissement de notre parti.
Il est vrai qu’une telle transformation n’a rien d’évident. Mais cette situation pose des difficultés particulières à un parti de gauche. Sans apporter ici de réponse définitive, nous voulons souligner la nécessité d’intégrer cette dimension à notre réflexion, et esquisser quelques pistes car on ne peut tout simplement pas se contenter du statu quo.
Susciter l’émergence de médias de gauche, leur multiplication et leur pérennité est un chantier à part entière. Il y a eu de nombreuses tentatives (Québec Presse, Rue Frontenac, Cmaq, Couac, Presse toi à gauche, radios communautaires, Ricochet tout récemment...). Peu survivent longtemps; la plupart restent à petite échelle. Il faudrait donc s’interroger sur les limites des efforts actuels, et voir comment aller plus loin. Notamment, d’où pourraient venir les fonds, les investissements? Quels pourraient être les allié.e.s économiques de ces médias (et sans doute, plus largement, d’un parti, de mouvements et d’un gouvernement authentiquement de gauche) ou les instruments publics pour les soutenir?
Par ailleurs, QS doit prendre position sur le développement de pôle de médias publics, coopératifs, de la radio à la télévision / web. Il s’agit de viser des médias capables de financer sur le long terme une rédaction, des reportages et un travail d’investigation. Ceci n’enlève rien aux efforts à plus petite échelle. Mais il faut songer à un saut qualitatif.
Il est possible de faire un travail médiatique tout en restant fidèle à nos positions, et nos porte-paroles l’ont amplement prouvé: les événements du Printemps érable, le travail de Françoise, Amir, Manon et maintenant Gabriel démontrent que nous sommes capables de défendre notre posture et de venir bousculer l’espace médiatique, de le polariser à gauche, de verbaliser d’autres discours, trop peu entendus dans cet espace-là.
Mais il ne faudrait pas oublier que la politique se joue dans un espace défini par les médias, pour la plupart aux mains de grands conglomérats médiatiques privés, avec un biais idéologique prononcé, et que ceux-ci s’en servent activement pour discréditer nos idées.
C’est pourquoi le rapport de QS aux médias ne peut pas se limiter à une stratégie d’intervention dans les médias de masse et les médias sociaux. Voici quelques pistes afin d’aller plus loin.
Former dix mille porte-paroles
Le travail médiatique peut faire oublier le rôle des militantes et des militants, le fait que chaque membre, chaque personne sympathisante, pourrait devenir un ou une porte-parole de QS dans son entourage immédiat, dans son milieu. La mise en œuvre de campagnes politiques est ce qui permet le mieux de mettre en action ce principe, en dynamisant notre base militante dans toutes les régions du Québec. Plus nous serons un parti-mouvement, plus nous serons à même de compléter le travail de nos porte-paroles officiels.C’est pourquoi la formation de nos membres devrait être amplifiée. Chaque membre devrait se voir proposer des moyens rhétoriques de défendre le programme dans différentes circonstances, dans différents milieux, avec divers niveaux de langage.
C’est pourquoi un soutien organisationnel et financier accru doit être alloué à la personne responsable à la formation, tout en respectant le délicat équilibre entre formations sur le programme, nos campagnes politiques et l’organisation électorale.
Des candidatures populaires et diversifiées
On entend souvent à QS l’idée de recruter des « candidatures vedettes » en vue des élections. L’idée consiste à attirer des personnes qui disposent déjà d’un certain capital de sympathie ou de notoriété dans l’espace public, et/ou qui possèdent des compétences en communication ou une certaine aura médiatique.L’idée n’est pas à écarter d’emblée, mais elle comporte un grand nombre de risques pour la diversité et la représentation dans un parti de gauche. Cette idée devrait donc être réfléchie dans une perspective différente: renforcer la diversité et la représentativité de nos candidatures et de notre députation, garantir leur redevabilité, assurer leur lien avec les luttes sociales.
Le problème du « vedettariat » n’est pas que certaines personnes se soient forgé une certaine notoriété médiatique. Ce capital de sympathie peut découler d’un engagement assidu et original dans des luttes sociales bien réelles. Le problème des « candidatures vedettes » survient si on subordonne le choix de notre future députation à des critères d’acceptabilité médiatique. On pensera ici en particulier aux contraintes qui pèsent sur les femmes, aux pressions sur leur corps et à leur supposée « moindre compétence ». Mais il y a bien d’autres dangers que nous pourrions détailler.
Faire émerger la notoriété
Québec solidaire doit chercher en priorité à faire émerger des candidatures sur le long terme, en créant une députation forte de son enracinement dans les luttes et dans la population. QS veut représenter toute la population : pas seulement en parlant au nom des autres, mais en faisant parler et participer toutes et tous ces « autres ». Il ne s’agit d’ailleurs pas que de l’Assemblée nationale: à bien des niveaux, en bien des endroits, on a besoin de personnes qui s’engagent et manifestent la diversité, la richesse de la population.Il est possible de devenir des « vedettes » par des expériences de lutte et des expériences de terrain. La notoriété qui nous intéresse, c’est la notoriété issue de la résistance aux politiques néolibérales au capitalisme, aux luttes ancrées dans le terrain. Mais de telles candidatures nécessitent qu’on leur accorde du temps, qu’on leur laisse plusieurs élections pour faire grandir leur notoriété.
Plutôt que procéder par « coups médiatiques », il faut donc réfléchir notre stratégie de croissance dans cette perspective de diversité et d’enracinement. Autrement nous allons être victimes de notre propre croissance: la députation va s’éloigner des membres, qui auront pourtant milité longtemps pour bâtir le succès électoral du parti. Tout ceci n’interdit pas d’accueillir des personnes qui possèdent déjà une notoriété. Mais dans ce cas, assurons-nous de les intégrer, de les former à notre programme et à nos pratiques. Cela doit aussi faire partie de la redevabilité et de l’élargissement de notre parti.
Pour des médias de gauche
Il est étonnant de voir que les mouvements de gauche (partis politiques, syndicats, mouvements sociaux, groupes communautaires, etc.) envisagent à peu près toujours le déploiement de leur activité politique dans le cadre des médias actuels. En le regrettant, comme contraints et forcés, mais sans s’attarder très longtemps à la transformation nécessaire de ce paysage médiatique.Il est vrai qu’une telle transformation n’a rien d’évident. Mais cette situation pose des difficultés particulières à un parti de gauche. Sans apporter ici de réponse définitive, nous voulons souligner la nécessité d’intégrer cette dimension à notre réflexion, et esquisser quelques pistes car on ne peut tout simplement pas se contenter du statu quo.
Quel soutien à des médias de gauche?
Au-delà de nos engagements programmatiques sur la démocratisation des médias, quel peut être le rôle d’un parti politique pour soutenir un paysage médiatique libre et diversifié? Pour QS, il s’agit de réfléchir au cadre d’émergence de ces médias; de voir aussi comment le parti peut soutenir et épauler les militantes et les militants qui s'engageraient dans cette voie, tout en garantissant l’autonomie des diverses initiatives.Susciter l’émergence de médias de gauche, leur multiplication et leur pérennité est un chantier à part entière. Il y a eu de nombreuses tentatives (Québec Presse, Rue Frontenac, Cmaq, Couac, Presse toi à gauche, radios communautaires, Ricochet tout récemment...). Peu survivent longtemps; la plupart restent à petite échelle. Il faudrait donc s’interroger sur les limites des efforts actuels, et voir comment aller plus loin. Notamment, d’où pourraient venir les fonds, les investissements? Quels pourraient être les allié.e.s économiques de ces médias (et sans doute, plus largement, d’un parti, de mouvements et d’un gouvernement authentiquement de gauche) ou les instruments publics pour les soutenir?
Par ailleurs, QS doit prendre position sur le développement de pôle de médias publics, coopératifs, de la radio à la télévision / web. Il s’agit de viser des médias capables de financer sur le long terme une rédaction, des reportages et un travail d’investigation. Ceci n’enlève rien aux efforts à plus petite échelle. Mais il faut songer à un saut qualitatif.
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